Article rédigé par Patrick Gatignol
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L’ancienne province du Poitou est constituée par les départements de la Vienne et des Deux-Sèvres.

1.Introduction : Le Seuil du Poitou

Le Poitou se présente comme une zone de transition entre le Bassin Parisien situé au Nord-Est et le Bassin Aquitain au Sud-Ouest.

Il relie ainsi le vaste ensemble des roches anciennes du Nord-Ouest qui correspondent à l’extrémité du Massif Armoricain à celles qui affleurent à l’extrémité Sud-Est du département de la Vienne aux confins du Massif Central en formant ce que l’on appelle le Seuil du Poitou.

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Ce seuil a fonctionné tantôt comme un isthme émergé entres les masses d’eau du Nord-Est et celles du Sud-Ouest, tantôt comme un détroit entre ces mêmes masses d’eau.

Le relief est peu marqué mais les vallées entaillent parfois profondément le socle constituant ainsi des sites pittoresques, comme la vallée du Clain à Poitiers, qui fournissent des stations microclimatiques permettant d’observer des reliques de végétations méditerranéennes (cf site du Porteau où nous étions établis).

2. Esquisse géologique

Au Nord-Ouest les terrains anciens occupent une grande partie des Deux-Sèvres où ils forment le secteur méridional du Massif Armoricain.

A partir de là, le socle s’abaisse vers le Sud-Est où il disparaît sous une mince couche sédimentaire large de quelques dizaines de kms – le Seuil du Poitou- avant de se relever et de réapparaître dans une frange étroite qui occupe quelques kms à l’extrémité SE de la Vienne

A partir de ce seuil le socle s’enfonce rapidement vers le Nord-Est en direction du Bassin Parisien et vers le Sud-Ouest vers le Bassin Aquitain.

2. 1 Les roches anciennes : Terrains cristallin et primaire

Comme cela a été évoqué elles se localisent :

  • D’une part à l’angle Nord-Ouest, extrémité du Massif Armoricain, où elles forment ce qu’on appelle le Bocage au niveau de la région de Bressuire et la Gâtine au niveau de Parthenay. Elles sont constituées de granites et de roche métamorphiques.
  • D’autre part au niveau du Sud-Est où elle forment une frange en bordure du Massif Central aux confins du Limousin, avec ses terrains granitiques.

2.2 Les terrains secondaires

La plus grande partie est constituée par les terrains calcaires ou plus rarement marneux du Jurassique.

Au nord ils s’enfoncent sous les sables, les grés et la craie tuffeau du Crétacé qui annonce la Touraine.

2.3 Les terrains tertiaires

Dans la partie centrale et orientale les terrains du secondaire sont masqués par des revêtements d’argile, de sable et de calcaires du tertiaire qui forment les terres de Brandes.

2.4 Les terrains quaternaires

Ils sont peu développés.

3. Climat

Il est de type tempéré atlantique avec des hivers doux et des étés chauds associés à une certaine humidité

4. Flore et Végétation

De par sa position le Poitou subit de nombreuses influences : atlantiques, méditerranéennes et montagnardes, qui ont permis l’installation d’une flore assez diversifiée. De plus le seuil a constitué un couloir de migration pour certaines espèces.

Ainsi la Vienne compte plus de 1850 espèces végétales avec :

  • Un cortège médio-européen qui constitue la part la plus importante. (environ 49 %)
  • Un cortège atlantique avec Hyacinthoides non-scripta, Erica ciliaris, E. tetralix, Fritillaria meleagris, Digitalis purpurea, Scilla verna, Lobelia urens et Arenaria montana.
  • Un cortège méridional avec Quercus ilex, Acer monspessulanus, Phyllirea media, Astragalus monspessulanus.

Ces deux dernières catégories constituant 25 % de la flore.

  • Un faible cortège montagnard avec quelques espèces phares comme Aconitum lycoctonum, Geranium sylvaticum et Lilium martagon qui comporte plus de 25 stations dans la Vienne.

Répartition des espèces végétales de la Vienne en fonction de leur origine

Comme dans beaucoup de régions la pression humaine est responsable d’une importante dégradation des milieux entraînant une raréfaction de nombreuses espèces.

Ainsi une étude récente sur le département de la Vienne fait apparaître que plus de 25 % des espèces sont en danger avec 22 espèces protégées sur le plan National, 51 sur la Liste Rouge Nationale et 349 sur la Liste Rouge Régionale.

5 – Les grands types forestiers du Poitou

Nous terminerons notre exposé par la présentation des grands types de forêts, milieux de recherches privilégiés des mycologues.

Ceci n’est bien sûr qu’un aperçu général des grandes formations forestières présentes dans notre région et il est bien évident que des variations fines du sol, de la microtopographie et du microclimat engendrent des modifications à l’origine de micromilieux bien plus complexes.

Nous utiliserons donc la nomenclature de la phytosociologie classique.

5.1 Les forêts acidophiles

Elles reposent sur des sols bruns lessivés à podzoliques avec un humus de type moder dont le pH est de 4,5 à 6,5 en moyenne.

On peut distinguer :

  • La chênaie sessiliflore : Quercion robori-petreae.

Elle occupe les zones les plus sèches et est représentée dans la région par l’association du Peucedano-Quercetum caractérisée par Peucedanum gallicum espèce ibéro-atlantique dont la répartition française se situe dans le centre et l’ouest et qui est assez fréquente dans le Poitou et Asphodelus albus espèce méditerranéenne-atlantique à plus large répartition.

  • La chênaie sessiliflore de type ligérien.

Il s’agit d’une variante plutôt acidocline et plus thermophile marquée par la présence du chêne pubescent et de son hybride avec le chêne sessile ainsi que du fragon piquant espèce méditerranéenne-atlantique.

  • La chênaie occidentale : Quercion robori-pyrenaicae.

Quelques îlots de ce type de forêt, caractérisée entre autre par le chêne tauzin, sont présents dans le sud-ouest du département de la Vienne dans le secteur de Montmorillon où ils annoncent les forêts aquitaniennes.

  • La chênaie pédonculée à Molinie : Molinio-Quercion

Elle se localise dans les zones basses les plus humides et est représentée par le Molinio-Quercetum bien caractérisée par une graminée très commune, la molinie bleue qui forme des populations souvent importantes.

5. 2 Les forêts neutroclines

  • La chênaie-charmaie atlantique à Jacinthe : Lonicero-Carpinion.

Elle occupe les versants plus frais et représente le classique Endymio-Quercetum.

  • La Hétraie atlantique et subatlantique à mélique et aspérule : Galio-Fagion.

Elle est localisée dans de rares secteurs plus neutrophiles où elle est repérable par la présence d’une flore herbacée typique de la hêtraie et qui témoigne ici de sa spontanéité initiale.

Dans des zones plus acidophiles où le houx est très abondant on se rapproche parfois de la Chênaie-Hêtraie acidophile de l’Ilici-Fagion.

5.3 Les forêts basophiles

Elles reposent sur des sols bruns calcaires avec un pH souvent supérieur à 7.

On distingue habituellement.

  • La chênaie pubescente : Quercion pubescenti.

Typique des sols calcaires bien drainés elle est représentée par l’association classique du Quercetum pubescenti.

  • La chênaie-charmaie thermophile : Daphno-Carpinion.

Typique des pentes orientées au sud et à l’ouest, elle est représentée par le Rusco-Quercetum.

  • La hêtraie calcicole : Cephalanthero-Fagion.

Un bastion excentré de cette formation est présent dans le massif de Chizé qui constitue le premier relief depuis l’océan situé à environ 50 km. Il en découle que la pluviométrie est relativement élevée ce qui explique en partie la présence du hêtre.

Cette diversité de milieux forestiers est à l’origine d’une flore mycologique très variée avec des espèces classiques mais aussi quelques taxons plus originaux comme Boletus dupainii, Hygrophorus roseodiscoideus, etc…

Il ne faut pas oublier aussi la présence d’autres milieux comme les pelouses calcaires riches en hygrocybes et autres espèces peu communes ainsi que les landes acidophiles qui constituent la fameuse Brande du Poitou encore bien représentée dans la Vienne dans le Montmorillonais et au niveau de la Réserve Naturelle du Pinail dans laquelle ont été observés de nombreux Entolomes du sous-genre Leptonia.

Ent.longistriatum var.sarcitulum : Ph. P. Gatignol

Bibliographie

Baron Y. : Les plantes sauvages et leur milieu en Poitou-Charentes.

Gatignol P., 2003 : Analyse de la Flore et de la végétation de la Vienne. (document inédit disponible sur demande)

Gatignol P., 2004 : Répertoire des milieux naturels de notre région (document inédit disponible sur demande)

JULVE P., 1993. Synopsis phytosociologique de la France (communautés de plantes vasculaires). Lejeunia, N. S., 140 : 160 p.

Rameau J.C. Mansion D. Dumé G., 1989 : Flore forestière française ; Tome 1 : Plaines et collines. IdF

Ring J.P., 2005 : Les supports géologiques du Poitou-Charentes et de la Vendée. Site internet Société française d’orchidophilie Poitou-Charentes et Vendée

Souche B., 1901. : Flore du Haut Poitou